Qu'est-ce que la plastination ?
Il s'agit de retirer sous vide l'eau et la graisse des tissus et de les remplacer par du caoutchouc
au silicone ou de la résine époxy. Les corps entiers ou les organes gardent ainsi leur plasticité,
sont inodores et se conservent pour l'éternité. Le principe est simple, la réalisation plus délicate,
qui nécessite pour un corps entier plus de 1 000 heures de travail. Débarrassé de sa peau, celui-ci est littéralement " écorché mort ".
Il apparaît dans toute sa complexité musculaire, veineuse et artérielle, ou encore viscérale.
Mais von Hagens va plus loin. Substituant le scalpel au burin, il dédouble os et masse musculaire,
fait jouer les articulations, ouvre les ventres et recompose des attitudes. Ici, une baigneuse nage le crawl.
Là, un homme fait son jogging pendant qu'un autre joue aux échecs. Une femme enceinte, le ventre ouvert, laisse entrevoir son foetus...
Il n'a ni formation ni ambition artistique. Il désire simplement parvenir à une présentation parfaite destinée
à faire comprendre combien nous sommes des êtres fragiles. " Une intention si bien perçue par nombre de visiteurs
que certains acceptent l'idée de confier leur corps après leur mort à l'Institut de Plastination de Heidelberg.
Gunther von Hagens affirme avoir déjà reçu 121 cadavres et 4 000 promesses de dons.
Leur démarche ( von Hagens et sa femme) qui leur fait écorcher, couper en rondelles, en lamelles, et finalement
mettre en scène des corps accédant ainsi à l'incongruité d'une renaissance dans la mort, se situe dans le droit
fil de l'histoire de l'anatomie. " La plastination permet de redonner vie à cette fascinante idée d'une symbiose
entre l'art et l'anatomie. Elle stoppe la décomposition et la dessications si parfaitement que l'anatomie humaine
conserve son esthétique intrinsèque ", justifient les sculpteurs de cadavres exquis dans une brochure expliquant
leur démarche aux futurs donneurs de leur corps à la plastination.
-Et le Dr «La Mort», comme le surnomment les Allemands, a planté des unités de transformation de cadavres à deux
pas de grands pénitenciers chinois, où de nombreuses exécutions capitales se déroulent. «Je peux vous assurer
qu'aucun corps de supplicié n'a été utilisé dans cette exposition,» a toutefois affirmé hier Gunther von Hagen.
«Est-ce qu'ils sont frais?»
Le médecin chinois Sui Hongjin prétend exactement le contraire. Selon l'ex-associé de von Hagens, des corps de
suppliciés (chinois) dont on venait de prélever quelques organes à des fins de transplantation, ont été livrés à
l'anatomiste allemand. Gunther von Hagens ne s'est guère préoccupé de leur provenance. «Est-ce qu'ils sont frais?»
aura été l'unique raison funèbre prononcée par le docteur «La Mort».